Formidable nouvelle… ou mirage industriel ?
Quand un grand groupe français choisit enfin d’investir en France, on devrait se réjouir.
Safran a annoncé la construction d’une nouvelle usine de freins en carbone près de Lyon, préférant la France au Québec ou à l’Oregon.
Une victoire, dit-on.
Mais une victoire… qui ne devrait pas en être une.
Parce que choisir la France quand on est français, ça ne devrait pas être une option.
Ça devrait être une évidence.
🇫🇷 Un choix qui fait figure d’exception
Si cette décision fait autant de bruit, c’est parce qu’elle détonne dans un paysage industriel ravagé.
Pendant des décennies, les sièges sociaux sont restés ici,
mais les usines, elles, sont parties ailleurs.
Résultat : en 30 ans, la France a perdu plus de 2 millions d’emplois industriels.
Et quand un grand groupe fait le choix inverse, on en fait la une.
C’est dire où nous en sommes.
⚙️ Pourquoi Safran reste ?
Parce que la France a un atout qu’on oublie trop souvent :
- une énergie décarbonée (merci le nucléaire),
- une main-d’œuvre hautement qualifiée,
- une infrastructure logistique dense,
- un écosystème de PME technologiques autour des grands donneurs d’ordre,
- et, dans ce cas précis, un soutien public clair et assumé.
Bref : quand on veut rendre la France compétitive, on sait faire.
Mais on ne le fait pas assez.
🔍 Le vrai sujet : pourquoi cette “bonne nouvelle” est une exception
Combien d’entreprises de taille moyenne (pourtant aussi stratégiques)
se battent chaque jour sans énergie bon marché, sans soutien bancaire, sans stabilité fiscale ?
Combien d’entreprises “Made in France” doivent renoncer, pendant que les géants sont aidés à coups de milliards ?
Le risque, c’est de créer une souveraineté à deux vitesses :
celle des groupes “soutenus”, et celle des PME “abandonnées”.
💡 Le Made in France n’a pas besoin de subventions, mais de conditions équitables
Ce que montre l’exemple Safran, c’est qu’une politique industrielle volontariste fonctionne.
Mais elle doit être ouverte à tous les acteurs, pas réservée aux grands.